Le miraculé du métro bruxellois (23.06.07)

Instable avec sa canne, un handicapé glisse du quai et tombe sur la voie. La mort en face : sa veste était prise sous la roue !

BRUXELLES Le métro bruxellois a enregistré un véritable miracle, apprend-on avec huit jours de retard. Et c'est une personne âgée et handicapée, se déplaçant à l'aide d'une canne et avec d'énormes difficultés, qui doit à ce miracle de le raconter. Déjà, Théodore Van Oyenbrugge remercie le conducteur de la rame qui a pu immobiliser 100 tonnes lancées à du 40 km/h à... 5 millimètres de ses jambes. Selon la Stib, le conducteur, Sébastien, qui a réagi en 35 centièmes de seconde, ne pilote des rames que depuis l'an passé.

À l'hôpital universitaire, Théodore Van Oyenbrugge, 74 ans, se remet de ses émotions. "J'ai juste une petite bosse à la tête", fait-il, pas malheureux d'appartenir encore au monde des vivants.

Ancien Anderlechtois, visage connu pendant 20 ans du palais de justice de Bruxelles, Théodore Van Oyenbrugge réside depuis deux ans en maison de retraite à Koekelberg. On doit à la vérité de dire que Théo n'est pas précisément le pensionnaire le plus facile. Au moment de quitter l'établissement, il avait envoyé les responsables aux cent mille diables en leur disant d'aller "crever en enfer". Bref, Théo est descendu dans la station Ribaucourt, à Molenbeek, sur les quais en direction d'Yser. À l'arrivée de la rame, il s'est dirigé vers le bord. "J'ai glissé sur la canne, dit-il. Je pouvais tomber à gauche, à droite ou par-derrière : je suis tombé devant."

C'est-à-dire sur la voie, sur le ballast. À ce moment, la rame, 100 tonnes à vide, se déplace entre 40 et 50 km/h. Dans le poste de pilotage, le conducteur dispose de deux systèmes de freinage. À main gauche, le manipulateur accélérateur-frein est insuffisant. À main droite, le conducteur dispose d'un dispositif d'arrêt d'urgence, appelé coup de poing, sorte de bouton en forme de champignon jaune. Le coup de poing déclenche tous les freins de secours, y compris les magnétiques qui se collent sur les roues et freinent le convoi à la vitesse de 2 m/seconde au carré. Tout n'est plus qu'une question de réflexes : ceux du chauffeur, Sébastien, ont réagi au tiers de seconde...

"On raconte que, dans ces cas-là, votre vie défile en une seconde : moi, je n'ai pensé à rien, pas même à la mort. Je sais que je suis tombé et que j'étais sur la voie, sous le nez de la rame, quand un policier m'a demandé : Ça va, monsieur ?"

Théodore avait vu la mort en face. Il s'en était fallu d'un cheveu. André, un ambulancier des pompiers, a fait promettre au miraculé d'aller brûler un cierge à l'église quand il sortirait de l'hôpital. C'était si près que le tissu de la veste était coincé sous la roue. Pour Jean-Pierre Alvin, de la Stib, Théodore a échappé d'une seconde façon à la mort : si le corps avait touché les frotteurs (patins), le moins valide aurait pris un retour de courant, du 900 volts en continu.

Un vrai miracle car le métro bruxellois n'a pas prévu la présence d'une fosse de survie (comme le métro parisien, par exemple). Monsieur Chance, le miraculé du métro, attend le seul feu vert des médecins pour quitter sa chambre 24.

Gilbert Dupont

© La Dernière Heure 2007

Comments

[christiane]

enfin, comme je vois on peut surtout féliciter le conducteur du métro
grace a sa présence d'esprit, cet homme a pratiquement bloqué sur place
c'est a croire que cet homme ne peut pas mourir
c'est la seconde fois qu'il a la vie sauve

c'est pas un cierge qu'il devrait faire bruler mais une série
mais je crois plutot que ce genre de personnage, préfère siroter ses bières que passer par l'église, si c'est un veritable brusseler