Le tourisme des femmes-girafes par Jean-Sébastien Gallaire
Mondialisation et dignité humaine
En Thaïlande et en Birmanie, les femmes-girafes - ainsi nommées parce qu’elles portent des spirales de métal qui, en provoquant l’affaissement du haut du thorax, font atteindre au cou trente cm de hauteur - sont l’objet d’un véritable commerce touristique.
L’origine de cette tradition qui consiste à allonger le cou des petites filles progressivement avec des anneaux posés chaque année reste mystérieuse.
Pour certains, cela aurait initialement protégé les jeunes filles et les femmes, restées à la maison pendant que les hommes étaient partis à la chasse, contre les attaques des tigres qui s’en prennent en premier lieu au cou de leurs victimes.
Pour d’autres, cela aurait été un moyen employé par les padaungs pour protéger leur or qui, posé sur le cou des femmes, ne pouvait ainsi être volé.
Cela pourrait également être la conséquence d’une superstition et constituerait en fait une protection contre la mauvaise fortune.
Les femmes padaungs sont appelées aussi "karens au long cou" ou "femmes girafes". Lorsqu’une petite fille padaung a entre cinq et neuf ans, on lui passe sur le cou une pommade composée de graisse de chien, de lait de coco et de gelée royale. Le premier anneau est alors posé, puis deux ans plus tard plusieurs autres suivent jusqu’à atteindre le menton.
Ensuite, chaque année un anneau supplémentaire est additionné. Si cela va bien, l’année suivante, un autre est ajouté, éventuellement deux. Et ainsi de suite jusqu’à ce que la jeune fille se marie, s’il le faut.
Chez les padaungs, le nombre d’anneaux porté par une femme est un critère important de beauté. Il peut atteindre jusqu’à vingt huit anneaux. Cependant, certaines petites filles ont déjà la totalité de leurs anneaux vers l’âge de 12 ans.
Cette coutume a été interdite par décret en Birmanie, mais elle est parfaitement tolérée en Thaïlande.
Dans certains villages de Birmanie et de Thaïlande, réduites à l’état de bêtes curieuses exposées sans vergogne dans des sortes de baraques foraines, les tribus sont prostituées et corrompues pour la plus grande joie des souteneurs qui s’engraissent sur leur dos et des touristes occidentaux en quête d’images fortes.
Le manège du fric atteint sans conteste son apogée avec les villages des femmes-girafes que l’on peut visiter comme des singes dans la cage d’un zoo.
Sur internet, de mulitples opérateurs offrent d’ailleurs des voyages où est inscrit dans le programme la visite de ces lieux indignes pour la personne humaine.
En fait, ces femmes sont la plupart du temps des réfugiées politiques de l’abominable régime de terreur d’une des plus sanglantes dictatures au monde : Myanmar (la Birmanie).
Ayant fui leurs villages incendiés par l’armée qui détruit tout ce qui dépasse du rang - les minorités ethniques sont, par définition, considérées comme rebelles au régime Myanmar -, ces Karen ont trouvé refuge en Thaïlande.
Parquées dans des camps abominables pour la plupart, ces femmes-girafes ont quelque part eu de la chance en intégrant un joli village traditionnel offert par leurs hôtes pleins de compassion... et de cupidité.
Un véritable zoo humain venait de voir le jour !
A l’entrée du village, un guichet où les touristes règlent leurs droits d’entrée. Et pour 250B (6€), ces femmes et leur parure sont à la disposition de toutes les pulsions des serial-photographers.
S’ils déclarent verser un pourcentage (minime) des entrées aux pensionnaires, les propriétaires du "zoo" profitent du reste des bénéfices afin de développer par la suite d’autres parcs à thème du même accabit.
Au nom du respect de la dignité humaine, la ligue des droits de l’homme dénonce ce zoo et invite les touristes à ne pas encourager de telles pratiques.
Voici deux autres liens qui parlent du sujet :